Le film poignant de Nadine Labaki, primé au Festival de Cannes

Dès ses premiers films, Nadine Labaki montre au cinéma les différents visages du Liban que ce soit dans Caramel ou dans Et maintenant on va où ?. Elle filme son pays dans toutes ses complications pour parler des problèmes sociaux et sexuels du pays ou des tensions intercommunautaires et religieuses. Situé au centre des problèmes de la planète, ce petit pays, qu’on appelait la Suisse du Moyen-Orient, est aujourd’hui la succursale de la guerre Syrienne avec l’afflux de réfugiés Syriens (plus d’un million de Syriens vivent au Liban à cause de la guerre). Ce drame parle des problèmes appartenant à de nombreuses villes d’orient, et d’occident : enfants maltraités, immigration clandestine ou exploitation de la misère humaine.

Porté par l’authenticité du réel vécu de ces comédiens, le film aux allures de Misérables moderne dégage une puissance qui nous emporte, dès le début, tout au long du scénario. Filmé de près, on pourrait penser à un documentaire, mais Nadine Labaki garde une certaine aisance sur un scénario très bien écrit et nous montre ce capharnaüm cruel. On ne peut qu’être captivé et ému face à ce petit garçon qui se bat pour sa survie et celle des pauvres gens autour.

Pour commencer, Capharnaüm c’est l’histoire d’un jeune garçon Zain qui « vit » ou plutôt « survit » dans les bas-fonds de Beyrouth. Ce garçon est livré à lui-même, par des parents pouvant faire penser aux Thénardier. Ces derniers font travailler leurs enfants et ceux qui ne travaillent pas sont en prison. Le jeune Zain, lui, ne veut qu’une seule chose : aller à l’école comme les autres enfants de son âge. Au lieu de cela, il travaille pour l’épicier du coin, vend des chewing-gums à la sauvette ou livre des bonbonnes de gaz. Jusqu’au jour où il apprend que sa petite sœur va être mariée de force à l’épicier. Cette dernière, ayant tâché ses draps de sang, est devenue une femme et, de fait, en âge de se marier. C’est à ce moment-là, alors qu'il essaie de sauver sa sœur, que Zain s’enfuit de la maison et commence pour lui une aventure pour sa survie. Au milieu des décharges et des sorties d’autoroutes, Zain découvre un monde à l’image de la cour des miracles ou survivent les exclus. Ce sont souvent des migrants, des sans-abris, clandestins ou enfants laissés pour compte livrés à eux-mêmes comme Zain.

Cette misère, la réalisatrice l’a vécue de près. Pendant plus d’un an, elle a investigué dans les quartiers précaires de Beyrouth afin de montrer le sort de ces enfants. Pour pousser encore plus le réalisme, la réalisatrice a fait tourner des personnes qui vivent dans ces quartiers de Beyrouth. En regardant ce film aux impressions de fiction, mais malheureusement bien réel, on ne peut que tressaillir de pitié. La sans papier Ethiopienne Rahil (qui est en réalité Erythréenne) a carrément été arrêtée pendant le tournage d’une scène pour cause de clandestinité. Le petit Zain est, quant à lui, un réfugié Syrien qui vivait dans ces quartiers de Beyrouth.